Parmi les plantes les plus anciennes sur terre figurent les fougères qui poussaient dans d’immenses forêts dès l’ère primaire et qui ont dominé la flore au carbonifère (= fin de l’ère primaire), il y a 350 millions d’années.
Elles existaient donc bien avant les dinosaures et les plantes à fleurs apparues, bien plus tard, il y a 150 millions d’années...
Certaines Fougères de cette époque existent encore, comme l’Osmonde royale dont on a trouvé des fossiles dans des roches datées de 200 millions d’années et il existe plus de 12 000 espèces de Fougères dont la généalogie remonte à des centaines de millions d’années, alors que l’on ne rencontre que de rares animaux fossiles vivants.
Dans l’évolution végétale, les Fougères sont les premières plantes à avoir eu un système de circulation de sève et elles ne comportent ni fleurs ni graines (cryptogames) comme les algues, champignons, mousses, lichens.
Elles sont classées en plusieurs familles : Polypodiacées, Aspléniacées, Athyriacées, Ptéridiacées, Dryoptéridacées. 10 000 espèces sont répertoriées dont les trois-quarts vivent sous les tropiques ; en région tempérée, on dénombre 1 500 espèces environ.
Dotées d’un grand pouvoir d’adaptation sauf chez moi (que ce soit à la fenêtre, dans le salon, la chambre, les toilettes ou la salle de bains), les Fougères poussent partout sauf dans les régions polaires (c'était donc ça !!).
Elégantes, rarement malades, ayant peu d’ennemis (à part les limaces pour certaines espèces, et moi), rustiques, s’accommodant de situations difficiles (talus, vieux murs, pied des arbres comme les conifères, etc. sauf moi), les Fougères figurent parmi les plantes inratables au jardin (mais qu'en est-il réellement en appartement ?) et leur durée vie varie de 35 à 100 ans.
Plantation et entretien
La Fougère se plante au printemps ou en automne en pleine terre, au printemps en rocaille et en pot, dans un sol idéalement léger, bien drainé, riche en humus (= humifère) et légèrement acide pour la plupart. S’il est trop lourd, ajouter du sable. On peut aussi mettre dans le trou de plantation du compost, du terreau, des feuilles mortes mais SURTOUT PAS d'engrais chimique ! L'ombre & mi-ombre lui conviennent, pas de soleil direct pour la majorité et l'arrosage est très modéré, l’humidité du sol augmente la tolérance au soleil. Éviter les endroits ventés car les frondes de certaines Fougères sont fragiles et se cassent facilement.
La Fougère se plante peu profond, le rhizome doit affleurer, voire dépasser un peu le sol pour éviter le pourrissement. Culture en pot : planter dans un contenant plus large que haut des Fougères de moins de 60 cm dont le rhizome est peu traçant, adapter la dimension du pot à celle de la Fougère ; attention au dessèchement même en hiver. Apporter de l’engrais à diffusion lente au printemps en divisant par deux les quantités indiquées.
Pailler avec leurs frondes séchées et des feuilles mortes offre un double intérêt : conserver l’humidité et enrichir le sol en humus pour nourrir la plante. Arroser si le temps est très sec et protéger du froid les plus frileuses avec un paillis des feuilles mortes en place (les frondes séchées seront ôtées au printemps).
Pour éviter des déceptions, il faut associer des plantes originaires d’un même milieu dont les exigences sont similaires. Les Fougères donneront des associations intéressantes avec des Rhododendrons, Fuschias, Astilbes, Heuchères, Pétasites, Rodgersias, Lamiers, Carex, etc.
Exemples d'associations
Érables du Japon au feuillage pourpre finement découpé avec des touffes d’Asplenium (= Phyllitis) scolopendrium ou de Fougères aux frondes elles aussi découpées.
- Phyllitis scolopendrium (Langue de cerf), Polypodium vulgare (pour l’hiver), Dryopteris filix-mas, Euphorbia amygdaloïdes (Pe) sur un tapis de Geranium endressii constitue un ensemble intéressant toute l’année et d’entretien minimal.
- Onoclea et Rosa x ‘Raubritter’
- Osmonde et gunnera près d’un étang.
Au printemps :
- Dryopteris filis mas (Fougère "mâle") ou Polystichum setiferum avec des bulbes de printemps, des Primevères, des Jacinthes des bois, des Hellébores, des Euphorbes amygdaloïdes….
- Athyrium filix-mas, Pulmonaire, Sceau de salomon et bulbes printaniers.
- Athyrium filix-mas ou Dryopteris filix-femina et Ancolie.
- Matteuccia sruthiopteris (Plume d’autruche) prolifique dans bonne terre de jardin, solide, élégante, stolonifère (donc parfois envahissante) avec des Jonquilles ou Narcisses.
- Onoclea sensibilis et Rosier Raubritter en sol frais ou au bord de l’eau -* Les nouvelles pousses cuivrées du Dryopteris erythrosora s’harmonisent parfaitement avec les nouvelles feuilles cuivrées du Pieris japonica ; cette association reste intéressante le reste de l’année, ces deux plantes étant persistantes.
- Pour garnir un talus sec, pauvre, planté de Chênes, un tapis de petites Pervenches ou de Lierre parsemé de touffes de Polypodes vulgaires, Primevères, Lamiers, Jacinthes des bois, Cyclamens d’automne, Euphorbes Amygdaloïdes offre des scènes différentes suivant les saisons et demande un entretien minime.
Toujours pas épuisée, alors un peu de vocabulaire fougèrement spécialisé :
- Fronde = feuille,
- Rachis = nervure des frondes,
- Sore = amas de sporanges rond ou allongé, brun ou blanc, au revers de certaines frondes dites frondes fertiles,
- Sporange = structure sphérique, munie d’un anneau, à l’intérieur de laquelle se forment les spores qui assurent la reproduction des fougères,
- Spore = élément ni mâle ni femelle, disséminé par le vent ; il germe en milieu humide pour donner un prothalle où se développe les organes sexués,
- Prothalle = lame verte de 5-6 mm, en forme de cœur, fixée au sol par de fines racines ;
A maturité se forment :
- à la périphérie du prothalle, l’anthéridie (organe mâle) qui renferme les anthérozoïdes,
- au centre du prothalle, l’archégone (organe femelle) où se forme l’oosphère (œuf)
Morale de l'histoire, la prochaine fois que j'achète une fougère Cheveux de Vénus ou autre, je demande (et prends des notes) les infos précises aux gens qui sont payés pour savoir y répondre gratuitement, j'applique, j'observe et on verra bien, qui sait ? Je ne désespère pas non plus de réussir un jour, malgré 4 échecs, la recette de gâteau marbré au chocolat de Françoise Bernard.